action authentique pour climat
- Tom Vermolen
- 15 mars
- 6 min de lecture
Du détachement à l’engagement : mon parcours vers une action authentique pour le climat.
Devenir un véritable acteur engagé pour l’environnement exige un éveil personnel profond, une prise de conscience qui ne se limite pas à l’extérieur, mais s’ancre aussi à l’intérieur de soi. Mon parcours vers l’action écologique a commencé par une introspection : confronter mes propres contradictions, mon manque de motivation et d’intérêt pour les enjeux environnementaux qui m’entouraient. Puis, j’ai renoué avec ma raison d’agir et trouvé une unité au sein de la communauté des militants pour l’environnement. Pour moi, l’engagement écologique est une véritable vocation, profonde, urgente et implacable.
Au Kenya, mon pays et ma fierté, nous disposons de cadres environnementaux progressistes comme le Climate Change Act de 2016 et le Green Economy Strategy and Implementation Plan (GESIP) 2016-2030. Ces politiques établissent une base solide pour réduire les émissions de carbone, promouvoir le développement durable et renforcer la résilience. Pourtant, pendant longtemps, j’étais totalement déconnectée de ces politiques. Ce n’est que lors de mon programme de master, en explorant les cadres environnementaux du Kenya, que j’ai pris conscience de mon ignorance à leur sujet. Imaginez alors combien de personnes locales – agriculteurs, commerçants de marché, membres des communautés – n’ont aucune idée de l’existence de ces politiques climatiques.
Ce déphasage n’est pas seulement une occasion manquée ; c’est un véritable obstacle à l’action pour l’environnement. Comment pouvons-nous espérer que notre pays atteigne un développement durable si les personnes mêmes que ces politiques sont censées servir ignorent leur existence ? Comment combler ce fossé ? Il est évident que nous devons repenser la manière dont nous communiquons et mettons en œuvre ces politiques. Les canaux formels ne suffisent pas. Nous devons adopter des approches non formelles pour rendre ces politiques écologiques ambitieuses accessibles et concrètes. Comment faire en sorte que le GESIP parle à la mama mboga, cette vendeuse de marché qui n’a jamais été à l’école mais vit au plus près des ressources que nous voulons protéger ? Comment susciter une action collective et locale fondée sur la compréhension ? Tant que nous n’aurons pas répondu à ces questions, nos politiques resteront de simples mots couchés sur du papier, incapables de transformer la vie de ceux qui en ont le plus besoin.
Lors du Sommet Africain du Climat, entourée d'une mer de personnes et d'organisations débordant d'énergie et d'idées, j'ai été témoin d'un profond désir collectif de justice climatique. Pourtant, une question cruciale m'a frappée : la puissance du « nombre » peut-elle se traduire en une action réelle et transformative ? Les bases posées par l’Alliance Panafricaine pour la Justice Climatique (PACJA en anglais) m'ont fourni les outils pour envisager le militantisme climatique au-delà de la rhétorique. Cela m'a donné le courage de remettre en question les systèmes, de plaider en faveur de l'équité et de faire entendre les voix des communautés les plus touchées par le changement climatique. Mais en quittant le sommet, j'ai pris conscience que les aspirations collectives seules ne suffisent pas.
La véritable justice climatique exige plus que des rassemblements ou des déclarations ; elle réclame des stratégies coordonnées et actionnables. Elle nous met au défi de construire des ponts entre la défense des droits et les politiques publiques, de donner aux communautés locales les ressources et les connaissances nécessaires, et de veiller à ce que chaque voix ne soit pas seulement entendue, mais prise en compte.Nos actions doivent passer de la réaction à l'intention, de la fragmentation à l'unité. Ne nous contentons pas de nous rassembler en nombre, mais canalisons cette force pour provoquer un changement durable et mesurable. Ce n'est qu'alors que la promesse du « nombre » pourra véritablement se concrétiser dans le mouvement climatique.
Le tournant s'est produit lorsque j'ai réalisé que le changement climatique nous affecte personnellement. Je sais ce que signifient le stress climatique, les effets de la pollution de l'eau, de la dégradation des sols, de la déforestation et de la raréfaction des ressources.
Ces défis sont réels pour ma communauté. Lorsque les prix des denrées alimentaires explosent, que les tomates, le maïs et les oignons deviennent inabordables, cela se répercute dans les foyers, les rendant hostiles et insupportables, en particulier pour les femmes et les jeunes filles. Si nous ne voyons pas le défi, nous ne pouvons pas agir. Nous ne pouvons pas plaider en faveur de meilleures politiques alimentaires, lutter contre la pollution de l'eau ou donner la priorité aux pratiques durables. Nos avenirs communs se chevauchent et ce que nous faisons aujourd'hui affectera nos enfants, que nous le voulions ou non.
J'ai pris conscience des impacts sociaux du changement climatique à l'âge de 27 ans, lorsque j'ai réalisé à quel point il était lié à la distribution des ressources, à la pénurie et à des normes sociétales malsaines. Le stress lié aux ressources engendre la concurrence, qui à son tour alimente la corruption, la suppression des genres et la violence. Le changement climatique n'est pas seulement une crise environnementale, c'est une crise humaine.
Récemment, je suis devenue un acteur du changement environnemental grâce au programme Change the Chamber Environmental Changemaking Program basé aux États-Unis. Aujourd'hui, je soutiens mondialement le mouvement vert sous la campagne #OfficiallyGreenCampaign. En tant que mentor en Afrique, j'en suis venue à croire en la puissance du but et de l'intention. C'est ce qui nous conduit vers notre véritable vocation. Une fois que nous découvrons cela, seulement alors pouvons-nous aborder les causes profondes de la dégradation environnementale, des inégalités sociales et des échecs de gouvernance.
Voici l'appel que je vous lance : examinez les aspects de votre personnalité qui se sont éloignés de l'authenticité. Identifiez ce qui vous empêche de devenir un véritable acteur du changement climatique. Sans vision personnelle, même dans les espaces climatiques, nous restons isolés, déconnectés du battement du cœur du changement. L'auto-détachement climatique est réel. En tant que chercheuse environnementale, je le sais. C'est ce sentiment obsédant d'être détaché de son but, de son identité et de sa clarté, de perdre de vue la raison pour laquelle on entreprend une action en premier lieu. Et cette déconnexion affaiblit les fondations de notre lutte.
J'appelle à une action qui commence à la maison, cet espace sacré de la conscience de soi où le but s'enflamme. La maison, dans ce contexte, n'est pas simplement un lieu physique ; c'est le noyau de ce que nous sommes, ce qui nous motive véritablement et ce qui nourrit notre authenticité. Comme on dit en swahili, "Nyumba ni msingi wa maisha" (La maison est la fondation de la vie). Lorsque nous trouvons notre fondation, nous pouvons étendre notre impact de soi à la famille, de la famille à la communauté, et finalement au monde.
J'ai laissé derrière moi l'inauthenticité, l'action climatique performative et la quête de validation extérieure. Nous devons résister à la tentation de nous laisser emporter par le buzz de l'activisme climatique de façade. Au lieu de cela, engageons-nous dans des efforts authentiques et sincères qui auront un impact durable. Par l'authenticité, nous transcendons l'action performative et transformons la rareté en durabilité. C'est un appel à passer du détachement à l'objectif, du silence à l'impact, et des efforts isolés à la résilience collective. C'est un voyage qui commence à la maison et se propage à l'extérieur, englobant l'Afrique et au-delà, alors que nous naviguons à l'intersection de la justice, de la gouvernance et de la préservation de l'environnement.
Chaque jour, je travaille à construire des solutions durables, non pas pour un gain égoïste, mais pour que nos enfants héritent d'un monde éthique, sain et paisible. Ma satisfaction vient de l'impact véritable de mes actions, des résultats durement acquis, des améliorations dans ma communauté. Lutter pour moi, c'est la force de dire oui et de tenir fermement pour plaider, sensibiliser et soutenir les arbres, le sol, l'air, les rivières, l'océan, l'eau que nous utilisons et l'énergie que nous consommons.
Créons un demain où nos actions d'aujourd'hui posent une base solide pour la justice, la résilience et l'abondance. Il ne s'agit pas seulement de protéger l'environnement ; il s'agit de protéger l'humanité. Il s'agit de se protéger soi-même. Car, comme le dit un autre proverbe swahili, "Umoja ni nguvu, utengano ni udhaifu" (L'unité est la force, la division est la faiblesse). Si les divisions intérieures doivent être confrontées, les divisions extérieures n'auront aucun pouvoir. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir prospère.
Me rejoindrez-vous dans ce combat ? Il commence de l'intérieur.
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