Un réflexion depuis le front, à Kisumu, Kenya
L’eau est un droit humain de base

L’eau potable, l’air et la protection de l’environnement ne devraient jamais être politiques. Pourtant, comme un militant l’a justement fait remarquer, elle EST politique. Elle est inextricablement liée aux décisions prises dans les salles de réunions, les bureaux gouvernementaux et les chambres législatives. La triste réalité est que les choses mêmes qui nous maintiennent en vie - nos rivières, nos lacs, nos forêts, nos zones humides - sont devenues des champs de bataille dans un paysage politique polarisé. Cette vérité est profondément ressentie par ceux qui travaillent sur le terrain : l’équipe des Gardes de l’Eau des rivières Auji-Kibos Bonhomme Flamand Rose à Kisumu au Kenya.
Ici nous nous battons tous les jours pour protéger de la pollution et de la dégradation les rivières Auji et Kibos, sources d’eau vitales pour notre communauté. La bataille n’est pas juste de nettoyer les rivières, c’est de se battre contre les systèmes qui cherchent à rendre les ressources naturelles plus pratiques et à les dégrader pour faire des profits. Les intérêts corporatifs qui polluent nos rivières et les structures politiques qui permettent que cela arrive font partie d’un Système plus large qui priorise les gains à court terme contre une durabilité à long terme.
La triste vérité est que l’eau potable est devenue une commodité et en de nombreux endroits, sa protection est liée aux batailles de pouvoir et à la volonté politique (ou son absence) de ceux aux commandes. Pendant que nous, en tant que défenseurs environnementaux, nous rallions pour la préservation de la planète, nous sommes refoulés par une force puissante et profondément ancrée : la corporatocracie, deniers du changement climatique et d'un système politique qui, souvent, échoue à voir les choses plus globalement. Ces forces n’influencent pas seulement la politique, elles créent des schémas qui sont le cadre de notre vision de l’environnement.

Mais ce n’est pas seulement la politique dans le sens conventionnel du terme. Dans de nombreuses parties du monde, particulièrement dans l’Ouest, la bataille pour l’environnement est aussi mêlée à la religion. Des factions religieuses conservatrices voient la définition de l’environnement comme une menace à leur vision du monde. Pour eux, la nature est une chose qui doit être contrôlée, et non pas dont on doit prendre soin : un sentiment qui va à l’encontre de l’essence même de la protection environnementale.
Dans ces cercles, il y a l’idée que l’environnementalisme, qu’ils combattent pour l’eau potable ou pour protéger des espèces menacées, est une forme d’idolâtrie. Les gens qui défendent la terre sont vus comme adorant la création au lieu du créateur. Ces factions religieuses conservatrices croient que nous devrions nous préparer à la « fin des temps » et que les activistes du climat se concentrent sur la préservation d’une terre futile, si ce n’est même pécheresse. Cette croyance, qui prend ses racines dans une profonde incompréhension des Écritures, suit de près les intérêts de ceux qui souhaitent ignorer les crises environnementales auxquelles notre planète est confrontée.
Ce genre de pensée a été un obstacle majeur dans nos efforts mondiaux pour préserver l’environnement. Ceux qui croient que la destruction de la terre fait partie d’un plan divin ne ressentent que peu l’urgence de protéger ce qui reste. Cette mentalité ne conduit pas seulement à la destruction de l’environnement mais elle permet aussi à des politiques d' autoriser les corporations d'exploiter les ressources naturelles sans égard pour les conséquences à long terme.
Alors que nous continuons à insister sur la justice environnementale, particulièrement dans des régions comme Kisumu, nous faisons face à des défis frontaux. Nous défendons l’eau potable et les écosystèmes sains parce que nous comprenons que les enjeux sont trop importants pour être ignorés. Pour nous, ce combat n’est ni politique ni religieux : il s'agit de survivre. C’est s’assurer que les générations futures auront les ressources dont elles ont besoin pour vivre en bonne santé de manière durable.
A Gardiens de l’Eau des rivières Auji-Kibos Bonhomme Flamand Rose, nous ne sommes pas découragés par les forces religieuses et politiques travaillant contre nous. Nous avons le devoir de protéger nos rivières, forêts, et faune, et nous continuerons à défendre la santé de nos communautés sans tenir compte de l’opposition politique ou religieuse que nous pourrions rencontrer. Notre message est clair : l’eau potable est un droit humain de base, pas un pion politique à utiliser dans des jeux de pouvoir.
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